Nos libertés retrouvées : la nouvelle campagne du projet LGBTQIA+ and Safe

« Nos libertés retrouvées », c’est une série vidéo de 9 épisodes qui donne la parole à des personnes LGBTQIA+ issues de la migration via des récits de vie forts et poignants.

En mettant en avant des histoires authentiques, cette série vidéo favorise une approche inclusive pour améliorer la santé et l’intégration des personnes LGBTQIA+ issues de la migration. Grâce au projet LGBTQIA+ and Safe, les participant·es ont trouvé un espace bienveillant d’écoute et de partage, où ils·elles peuvent vivre leur sexualité librement, sans jugement, et reconstruire peu à peu leur liberté personnelle.

Les 3 premiers épisodes de « Nos libertés retrouvées » sont lancés à l’occasion du mois des Fiertés pour marquer le coup et mettre sous les projecteurs la communauté LGBTQIA+ issue de la migration. Les autres épisodes seront révélés tout au long de l’année. Restez connecté·e à notre chaîne YouTube !

Afin de faciliter leur lecture, les extraits de témoignages présents dans cet article ont été sensiblement retravaillés au niveau de la forme, en veillant à préserver fidèlement le fond et l’authenticité des propos.

Épisode 1 : Francine

En Afrique, l’homosexualité est perçue comme une pratique satanique. À cause de mon physique et de mon orientation sexuelle, on m’a battue, on a saccagé mon entreprise que j’avais créée. J’ai dû fuir le pays en abandonnant ma compagne. C’était la décision la plus difficile de ma vie. J’étais psychologiquement abattue. Pourtant, le bon Dieu m’a faite comme ça… Être lesbienne, c’est ce que je suis. Maintenant que je suis en Belgique, je ne veux plus me cacher, je suis fière de ce que je suis.

 

Épisode 2 : Serge Patrick

J’ai toujours été attiré par les garçons, mais pour masquer les apparences, j’ai été obligé de me marier. J’ai alors mené une double vie. Mais un jour, on m’a dénoncé et du jour au lendemain, je suis devenu un vaurien. J’ai alors tout perdu, ma famille, mon travail. J’ai dû me cacher car la police nous cherchait, moi et mon compagnon. Malheureusement, il a été capturé et ils l’ont mis en prison. J’ai dû fuir. Depuis lors, je n’ai plus aucuns contacts avec mes enfants, c’est çà le plus difficile pour moi. Arrivé en Belgique, j’ai dormi à la gare du midi, puis dans des squats. Je ne connaissais personne, je ne savais pas où aller car il n’y avait pas de places dans les centres pour les hommes seuls.

 

Épisode 3 : Kira Tiarra

En tant que femme trans, j’ai été ligotée et battue, rouée de coups par mes frères mais aussi en pleine rue par des gens que je ne connaissais pas. On a saccagé mon appartement, on m’a tout pris, on a brulé mes vêtements. Ma famille m’a obligée à suivre des thérapies de conversion. On m’a harcelée sur les réseaux sociaux, j’ai reçu des menaces de mort. Je ne pouvais même pas aller à la police pour porter plainte. Mais je savais tout au fond de moi qui j’étais et que je n’étais pas malade. Arrivée en Belgique, cela n’a pas été simple dans les centres pour demandeurs d’asile. Et j’ai été aussi victime de discriminations en tant que femmes trans d’origine étrangère. J’ai été aussi victime d’harcèlement sexuel.

 

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Stéphane

Au Cameroun, je vivais mon homosexualité de manière cachée. Mais ma famille l’a appris et m’a forcé à me marier avec une lesbienne. Mais je continuais à voir mon ami et ma famille nous a surpris. Mon oncle a porté plainte contre moi, et j’ai perdu mon travail. On m’a pourchassé, ma mère m’a renié et j’ai dû fuir vers l’Europe. Ça m’a détruit. Et arrivé en Belgique, j’ai été victime de discriminations. Par exemple, dans un restaurant africain, on m’a dit « ne revenez plus ici ».

Aymeric Yves

Un jour, dans un magasin, j’ai rencontré un monsieur. Il était très influent, mais je ne le savais pas. Il a insisté auprès de moi pour avoir des relations sexuelles, mais je n’ai pas voulu. Il a appelé les gendarmes et j’ai été arrêté. J’ai été emprisonné, on m’a torturé et j’ai dû payer un pot de vin à un gardien pour pouvoir sortir. Mais les gendarmes m’ont cherché et ont harcelé ma famille. Nos voisins ont injurié ma mère en lui disant qu’elle avait accouché un enfant qui n’aurait pas dû naitre. J’ai quitté le pays et tout abandonné.

Bijoux

J’ai vécu des choses atroces au Cameroun car je suis une femme trans. Ma famille pensait que j’avais un mauvais esprit en moi. Mon enfance a été très dure car j’étais très efféminée et ma famille m’a fait rencontrer des prêtres exorcistes, des marabouts pour enlever le démon qu’ils pensaient être en moi. Ils me rasaient les cheveux, m’obligeaient à m’habiller en garçon. J’ai été persécutée et tabassée de nombreuses fois en rue mais je savais que Dieu m’a créée telle que je suis.

Franck Yvan

J’ai toujours su que j’étais une personne différente mais je n’arrivais pas à mettre des mots dessus. La première fois que j’en ai parlé à quelqu’un j’ai dit que j’étais malade. Pour me cacher, je suis sorti avec des filles et j’ai eu une fille mais ma famille ne voulait pas que je la voie. J’ai sombré dans la dépression. Mais quand je suis arrivé en Belgique, j’ai décidé de ne plus me cacher car je n’avais commis aucune faute. Sa sexualité on ne l’achète pas au marché ! Heureusement, ma fille est venue me rejoindre et elle m’a accepté tel que je suis. Depuis lors, je revis.

Steve Mael

J’étais pasteur au Cameroun et je priais beaucoup car je ne comprenais pas pourquoi j’étais homosexuel. Avec la pression de ma famille et de la religion, je me suis marié. Mais j’avais aussi un compagnon. Après des problèmes relationnels avec lui, j’ai voulu le quitter mais il m’a dénoncé auprès de ma mère et de mon église. J’ai dû « avouer » que j’étais homosexuel. On disait de moi que j’étais entré dans la sorcellerie, que j’avais le démon en moi, que je faisais partie d’une secte. J’ai alors découvert ma séropositivité. C’était une bombe pour moi et cette contamination est apparue pour moi comme une punition, une confirmation que ce que j’étais était mal.

Ethan Laurent

Fuir pour survivre, militer pour vivre ! Menacé pour mon engagement auprès des personnes LGBTQIA+ au Cameroun, j’ai trouvé refuge en Belgique.  Aujourd’hui, je poursuis la lutte avec la Plateforme Prévention Sida en tant que Responsable du projet LGBTQIA+ and SAFE. C’est pour cela qu’il est important que je partage mon histoire pour sensibiliser, inspirer, et faire avancer les droits et la santé des LGBTQIA+ car nos voix sont des armes ; nos récits, des actes de résistance.